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ExpositionExposition | Sur les traces de Fukushima
Découvrez les traces des lieux d’existence dans la zone à Fukushima avant qu’elles ne disparaissent à jamais, pour être remplacées par les villes-objets produits par l’industrie urbaine.

Dans le cadre de son 50e anniversaire, le Centre de recherches sur le Japon de l’EHESS, en partenariat avec Mitate lab. (CNRS) et avec le soutien de l’Humathèque Condorcet, vous propose de découvrir les traces des lieux d’existence dans la zone à Fukushima avant qu’elles ne disparaissent à jamais, pour être remplacées par les villes-objets produits par l’industrie urbaine.
À cette occasion, un symposium International « Etat des lieux pluridisciplinaire sur la situation à Fukushima » se tiendra le 21 septembre 2023. Le vernissage de l’exposition sera accompagné de ce symposium.
Porfolio de l’expo via ce lien.
Commissaire d’exposition : Centre de recherches sur le Japon (UMR 8173 EHESS-CNRS-UPC)Direction Scientifique & photographies : Cecile Asanuma-Brice (CNRS-Mitate lab./CRJ-EHESS)
La catastrophe nucléaire de Fukushima en mars 2011 a fait couler beaucoup d’encre, alors qu’une tendance se dessine pour la faire tomber dans l’oubli. Dans cette volonté d’amnésie, le désastre continue pour de nombreuses familles. Pour la première fois au monde, une zone évacuée après un accident nucléaire, a été rouverte à l’habitat. Cette levée progressive de l’ordre d’évacuation s’est traduite par une politique de décontamination d’une ampleur qui n’a pas d’égale à ce jour. Bien que pharaonique, elle s’est néanmoins limitée aux habitations, à leur pourtour et aux terres cultivables contaminées. Les forêts, aux niveaux de contamination encore inégalement élevés, ont été laissées en l’état. Une fois la décontamination prévue achevée, s’ensuit une phase de destruction précédant celle d’une reconstruction balbutiante.
Lors des Jeux Olympiques de 2020, l’espoir d’un focus mondial sur la reconstruction de la zone la plus proche de la centrale endommagée s’est traduit par une accélération effrénée de sa réouverture. Ce fut d’abord un tourbillon de camions transportant les sacs de terre contaminée vers les entrepôts côtiers. Il fallait déblayer le terrain. Faire disparaître toutes traces visibles de la catastrophe, notamment les sacs de terre contaminée qui jonchaient le paysage. Puis, en dépit des enquêtes gouvernementales traduisant la volonté des habitants de ne pas revenir habiter dans la zone, la communication politique en faveur de la reconstruction s’est imposée. S’en est suivi la destruction des lieux d’existence, préambule nécessaire au rouleau compresseur de la planification urbaine qui allait bientôt s’imposer en maître des lieux.
Cette exposition propose de découvrir le théâtre du désastre après la levée de rideau. Afin d’effleurer l'instant qui laisse encore en suspens, le temps d’un temps, ce qui fut. L’urgence, la fuite, les bousculades, la peur, l’abandon. En quelques heures, des villages de dizaines de milliers d’habitants furent évacués, à raison, face au danger présent. Ces rues désormais silencieuses et vides de toute animation humaine, exposent l’éventration des logis aux vents mauvais. La faune, quant à elle, profite de cette parenthèse paisible pour regagner un peu de terrain.
C’est cette histoire que le Centre de recherches sur le Japon souhaite partager avec le public avant qu’elle ne disparaisse à jamais. Celle des lieux, celle des êtres.