Type et date de soutenanceSoutenance de thèse

Economie de marché socialiste. De la sinisation du marxisme à la sinisation du néo-Libéralisme ?

Kun Zhang

Résumé

, En tant qu’ « histoire des réalités sociales », cette thèse traite principalement de l'histoire de la marchéisation de la Chine, et retrace son passage d'un pays agricole pauvre à un pays industriel devenu riche en 20 ans (1989-2008). La thèse passe d'abord en revue le processus historique de l'égalité des conditions des Chinois et le développement correspondant de leur art de s’associer. Dans ce processus, la Chine moderne a répondu à l’exigence historique en ce qui concerne « chacun a sa responsabilité (dans les affaires publiques) ». Mao Zedong a élaboré sa propre méthode de s’associer pour les masses, le « mouvement de masse », dans lequel les gens ordinaires ont des responsabilités mais pas de droits. Mao a également sinisé le marxisme et a établi le système de « l'unité de travail pour le mouvement de masse » basé sur « l’unité alimentaire ». Après la mort de Mao, les autorités chinoises se sont retrouvées dans une profonde détresse économique, contraintes de déréglementer et de laisser les gens se débrouiller seuls. La réforme des prix commencée en 1988 s'est progressivement achevée au début des années 1990. Puis les gens ordinaires se sont tournés vers la poursuite de leurs propres intérêts dans l'espace limité du marché, rompant ainsi avec l'arrangement politique parti-État selon lequel « le Parti (communiste chinois) détermine les intérêts pour les masses », menace sérieuse à la direction du PCC. Au milieu de crises communes, les conservateurs et les réformistes au sein du PCC sont parvenus à un consensus en octobre 1991, à savoir que « le Parti doit fermement détenir le pouvoir de l'État », prémisse de toutes les réformes ultérieures. Désormais, le PCC a progressivement mis en œuvre ses réformes axées sur le marché. Dans la réforme fiscale, le PCC a accumulé des « expériences réussies » d'échange d'intérêts contre des droits, et dans la réforme des entreprises publiques puisque l'essentiel est de « transférer les gens superflus en dehors de l’entreprise » : les entreprises publiques, en tant qu’unités de travail pour le mouvement de masse, qui ont plus d’employés que les simples entreprises, sont le réservoir des « gens superflus ». Une telle réforme provoque un changement majeur dans la structure sociale. Cela a causé qu’un grand nombre de gens ont été contraints de quitter leur unité alimentaire pour se débrouiller par eux-mêmes. La Chine a ainsi été confrontée à une nouvelle crise. Grâce à la globalisation après la guerre froide, la Chine a pu guider des dizaines de millions de « gens superflus » vers le marché, en acceptant l'ordre du marché mature fourni par les États-Unis, processus marqué par son adhésion à l'OMC, et est ensuite devenue l'usine du monde. Cependant, des crises sociales ont également suivi. Pour répondre, les intellectuels publics émergents ont appelé à recourir à la « société civile » et exigé les « droits civiques ». Mais le régime a introduit un concept de quanyi (intérêt équitable) pour remplacer les « droits ». En 2008, alors que le mouvement de masse a eu du mal à poursuivre sa mise en œuvre, le PCC a découvert « l'exemple » spontané parmi les gens ordinaires, et a procédé à une série d'ajustements, reconnaissant que les gens ordinaires ne sont pas seulement des « masses », mais peuvent aussi avoir leurs propres « opinions ». Le régime a depuis entamé une manipulation systématique des « opinions ». Le modèle chinois, dit de l’ « économie de marché socialiste », est formé. La « politique de réforme et d'ouverture » est née de la situation difficile, en particulier financière, dans laquelle le PCC a été pris. Avec la force économique et la confiance politique démontrées par les Jeux olympiques 2008 de Pékin, la « politique de réforme et d'ouverture » a perdu son élan initial. L'ère de la réforme et de l'ouverture est révolue.

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  • M. Michel Bonnin (Directeur de thèse), EHESS
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  • M. Jean-Philippe Béja, CNRS
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  • M. Sébastien Veg, EHESS
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  • Mme Laure Zhang-Thoraval, Université de Genève
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  • M. Lun Zhang, Université de Cergy Pontoise
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