Type et date de soutenanceSoutenance de thèse

Portée culturelle, mémorielle et identitaire du mariage entre Continentaux et Taïwanais de souche

Si-Tai Fu

Résumé

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La relocalisation sur l’île de Taïwan du gouvernement de la République de Chine après la seconde guerre mondiale aura été la cause d'une intégration ethnique absolument unique dans la longue histoire de ce pays. Tout d'abord, ce fut essentiellement une fusion entre deux groupes de migrants chinois Han, des anciens et des nouveaux, plutôt qu'une intégration multiethnique. Ces premiers migrants Han avaient traversé le détroit de Taïwan pour s'installer sur une petite île, Taïwan, une zone isolée de la Chine continentale et relativement préservée pendant cinquante ans des diverses luttes armées. Cette tranquillité aura permis une conservation de la culture régionale de la Chine du Sud. C'est sans précédent dans l'histoire. En comparaison, les nouveaux migrants de 1949 en provenance de Chine continentale ont eu une grande influence sur la société taïwanaise, dépassant de loin les changements des trois cents années précédentes. Tout d'abord, il s'agissait d'une migration avec tout un modèle national et une organisation gouvernementale complète, majoritairement des militaires, des fonctionnaires et des enseignants. Le nombre des migrants était également étonnante. Après trois cents ans, la population de Han taïwanais et d’Autochtones taïwanais était d'environ six millions, mais, en seulement deux ou trois ans, ces nouveaux migrants totalisaient environ un million de personnes. Ce nombre était suffisamment important pour changer la structure de la société taïwanaise. Ensuite, il y avait malgré tout des différences entre les migrants précoces et les migrants tardifs. En dehors de la période de migration et quelques disparité au niveau des coutumes, la principale différence venait de la période de domination coloniale japonaise de 1895 à 1945. Les habitants de l’île n'ont pas directement vécu la tumultueuse révolution de la Chine à la fin de la dynastie Qing et au début de la République de Chine, notamment le mouvement révolutionnaire dirigé par le Dr Sun Yat-sen, mouvement qui a mis fin à trois mille ans d’un système politique dynastique. Les changements sociaux de la nouvelle culture promue par le mouvement du 4 Mai 1919, puis l'invasion de la Chine par le Japon, et ensuite, la guerre civile ont provoqué de grandes migrations internes sur le territoire continental. Par conséquent, lorsque nous examinons les antécédents de ces deux groupes ethniques, nous ne devons pas ignorer l'écart entre les premiers et les derniers migrants sur une période de cinquante ans (de 1895 à 1945). Cet écart pourrait être la cause des problèmes ethniques ultérieurs et pourrait même en être la principale source. Lorsque ces deux groupes Han aux souvenirs historiques différents ont été contraints de cohabiter sur cette petite île de Taïwan, ils n'avaient aucun moyen de s'échapper. Ils ont dû accepter cet arrangement du destin, même si c'était contre leur volonté. Dans ces circonstances, les mariages ethniques sont devenus inévitables et de nombreux problèmes en ont découlé. En outre, il est difficile pour nous de juger correctement ou équitablement de l'effet de cette intégration ethnique sans précédent. Cette étude vise à collecter, rechercher et analyser toutes sortes de phénomènes de l'histoire des mariages ethniques au cours des soixante-dix dernières années. L'étude tente également d'analyser et d'expliquer l'influence de ce phénomène sur le développement de la société taïwanaise, en particulier, la possibilité de résoudre les conflits ethniques et sociaux. Dans ce sens, l’étude que je propose a pour vocation de présenter différentes hypothèses qui permettront, peut-être, de réfléchir de construire des relations harmonieuses entre les différents groupes ethniques. Tout ceci tend vers un objectif : trouver un espoir pour les habitants de Taïwan qui manquent d'une identité culturelle, d'une mémoire historique et d'une identité nationale communes.

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Jury

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  • Mme Isabelle Thireau (Directrice de thèse), EHESS
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  • Mme Samia Ferhat (Co-Directrice), Université Paris Nanterre
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  • M. Wang Fu-Chang, IAO Academia Sinica
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  • M. Emmanuel Lincot, Institut Catholique de Paris
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  • Mme Evelyne Ribert, CNRS
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