Type d'événement, date(s) et adresse(s)Colloque

EHESS (salle 737) - 54 boulevard Raspail 75006 Paris

Genre et nations partitionnées

Genre et nations partitionnées

Les colloque international "Genre et nations partitionnées" est organisé par Anne Castaing (CNRS/CEIAS) et Benjamin Joinau (Hongik University/CRC)


La « communauté imaginée » qu’est la nation mobilise les symboles les plus archétypaux pour se représenter dans les arts et les médias populaires et ces symboles sont le plus souvent genrés – que l’on pense à la Marianne de la jeune République française. En plus d’être l’écho du genre grammatical des valeurs de cette république dont elle est l’allégorie, Marianne est la figure de l’Alma Mater, à la fois nourricière et protectrice, qualités essentielles d’un Etat-nation ou d’un régime politique. Mais comment se pense une nation divisée politiquement par une partition ?


Allemagne, Inde-Pakistan-Bangladesh, Irlande, Corée, Vietnam, Israël-Palestine, Yougoslavie – les cas de figure sont divers, couvrant jusqu’aux décolonisations, mais montrent que la partition renvoie spontanément à des représentations polarisées autour de relations genrées et hiérarchisées. De manière allégorique, celle-ci peut prendre la figure du frère et de la sœur, de la mère et du fils, même si le plus souvent, l’image du couple marié ou amoureux cherchant à se réunir est prédominante. Cependant, le binôme à (ré)apparier n’est pas le seul mode de symbolisation genrée de la division nationale. La partition, en tant que processus même, génère des violences, qui sont fondamentalement structurantes des rapports homme-femme aussi bien au niveau des pratiques que des représentations. En particulier, les femmes, porteuses et garantes de l’identité ethnique, sont couramment l’objet de violences sexuelles. Le viol, l’humiliation, la souffrance, le deuil (mari, enfants) infligés aux femmes et aux hommes en situation de partition en font le symbole non plus seulement d’une partie, mais du tout de la Nation divisée. Les femmes sont ainsi souvent investies d’un enjeu symbolique où se jouent, en plus des identités genrées, les identités collectives et leurs représentations. Ces dernières sont rarement monolithiques et font elles-mêmes l’objet de combinaisons variées et concurrentes, révélant la dynamique qui se joue au niveau de l’imaginaire d’une communauté quand elle est confrontée à une division interne. Plus que des symboles isolés, ce sont des mises en récit complexes que nous devons appréhender dans leur diversité narrative.


Ce sont ces processus de symbolisation narrative, à la fois anthropologiques et historiques, que nous souhaitons analyser à travers les productions culturelles de pays en situation de partition. Nous espérons ainsi, par cette approche comparative, repérer des invariants tout en proposant des typologies narratives où la différence genrée est requise, reproduite, peut-être transformée, afin de penser un autre type de différence, celle qui se cristallise quand une nation est divisée et séparée. Nous serons en particulier sensibles aux différentes formes de représentations en fonction de leurs modes de production (institutionnel, individuel), de leur diffusion et de leur réception, afin d’éviter la simple étude de contenu décontextualisée.


Ce colloque interdisciplinaire et comparatiste, qui accueille spécialistes des littératures, des productions culturelles et de l’histoire des idées, historiens et anthropologues travaillant sur différentes aires culturelles et contextes historiques, vise à interroger les partitions et les divisions nationales d’un point de vue genré. Il s’intéressera particulièrement aux représentations comme témoin de ces assimilations imaginaires : littérature, cinéma, arts performatifs, arts plastiques seront les supports de nos réflexions.


 


Comité scientifique



  • Catherine Brun (Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle) ;

  • Anne Castaing (CNRS) ; Claire Gallien (Université Paul-Valéry) ;

  • Benjamin Joinau (Hongik University) ;

  • Francine Muel-Dreyfus (EHESS) ;

  • Gianfranco Rebucini (IIAC) ;

  • Delphine Robic-Diaz (Université Paul-Valéry) ;

  • Fabrice Virgili (CNRS).

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