Axes de recherche transversaux

Quatre axes de recherche transversaux et deux pôles, comportant chacun plusieurs thématiques, structurent la recherche collective au CCJ :

Circulations, appropriations et réseaux en Asie

L'habiter en Asie

Savoirs et techniques : pratiques, objets et circulations

Sociétés et Etats : interactions, confrontations, régulations


Circulations, appropriations et réseaux en Asie

Responsables : Guillaume Carré, François Gipouloux, Paola Calanca

Avec la montée en puissance de l’économie chinoise depuis la fin des années 1990, et la compétition de plus en plus intense pour le leadership en Asie, les perspectives régionales sur cette zone ont connu un regain d’intérêt dans les sciences sociales. Mais la réflexion est le plus souvent circonscrite à la période actuelle, en posant l’Asie comme un postulat, dans une démarche qui ne fait parfois que reprendre des poncifs, voire des discours de propagande, sans distance critique suffisante. L’Axe « Circulations, appropriations et réseaux en Asie » hérite de la réflexion menée lors du précédent quinquennal sur « l’Asie des réseaux » qui s’était concentrée sur l’histoire économique, pour élargir ses investigations à de nouveaux sujets, comme la cartographie, ou encore une histoire maritime intégrant des dimensions sociales et techniques. Ces orientations nouvelles privilégieront toujours les problématiques relatives à la circulation des hommes, des biens et des idées au sein d’un espace asiatique baigné par les Mers de Chine, mais aussi ouvert sur le reste du monde. Il s’agira de comprendre comment l’intégration grandissante des sociétés d’Asie de l’Est et du Sud-Est au cours de l’histoire a amené des reconfigurations des savoirs, des identités, des conceptions des relations entre les hommes et les nations. Il s'agira aussi de réviser des conceptions historiographiques encore tenaces en Occident, d'une Asie alternant ouvertures et fermetures sur le monde, assimilées à des phases de progrès ou de stagnation.

Les participants à ce projet ont en commun d’accorder une grande importance à la profondeur historique des problématiques, aux sources locales, qu’il s’agisse d’archives ou de travaux contemporains, et à des approches multilatérales qui soulignent la densité et la multiplicité des rapports.

Séminaires de l'axe (2022-2023) :

  • Histoire du Japon prémoderne. Exporter l’argent japonais (XVIe-XVIIe siècles)
  • Initiation à la lecture de documents historiques du Japon prémoderne (XVIe-XIXe siècle)
  • Aux origines de la mondialisation et de la « divergence » Europe/Asie, 1500-2000

Thématiques de l'axe :

L’axe se déclinera dans les trois thématiques suivantes, qui s’appuient pour certaines d’entre elles sur des séminaires, et qui pourront organiser des manifestations croisées, ateliers, colloques ou publications :


L'habiter en Asie

Responsables : Valérie GelézeauKatiana Le MentecSuzanne PeyrardMary Picone

Cet axe réunit des membres de l’UMR Chine, Corée, Japon menant des travaux de recherches sur les modes de représentation, d’occupation et d’organisation des espaces au sein des populations d’Asie orientale. Partant d’une approche critique de l’espace comme construit social, les recherches menées dans ce cadre questionnent « l’habiter » entendu au sens large d’un rapport au monde sur le plan matériel et immatériel, à différentes échelles (de la nation à la maison, en passant par le quartier, la ville ou la région, ou des lieux plus précis comme un cimetière ou des lieux de mémoires). Cet axe repose sur un dialogue pluridisciplinaire (anthropologie, architecture, ethnologie, histoire, histoire visuelle, géographie, sociologie, etc.). Les recherches analysent les pratiques et les représentations de l’espace en explorant des terrains et des sujets encore peu étudiés en Asie orientale et septentrionale. Parmi les problématiques qui retiennent déjà notre attention, on peut citer celles portant sur le façonnage et l’appropriation des espaces urbains : la fondation de villes et les mythes qui leur sont associés (capitales, villes nouvelles), les modes d’aménagement (du quartier aux grands ensembles), les modes d’habiter les espaces domestiques en ville, l’usage et l’appropriation des espaces publics et de loisirs. Une autre problématique de l’axe explore les représentations, discours et pratiques des espaces matériels, imaginés ou virtuels, associés aux morts : sites d’accidents mortels peuplés d’âmes errantes ou de malemort, lieux de transposition des enfers sur terre, cimetières ou tombes en lignes. La représentation et la description de l’espace dans le champ visuel (au cinéma, par la photographie) ou le champ littéraire constitue une autre piste de réflexion des recherches conduites dans cet axe. 

Présentation complète de l'axe (document .PDF)

Séminaires de l'axe (2022-2023) :

Événements 2018-2022 :

22 juin 2022Habiter la terre dans l’au-delà — Lieux et espaces des morts en Asie
Campus Condorcet, Centre de colloques, salle 3.08, 1 place du Front populaire, 93300 Aubervilliers
3 février 2020Journée d’étude annuelle de l’Axe
Maison des sciences de l'homme
15-16 mai 2019Materialities and emotions in times of disasters – an anthropological perspective
Maison de l'Asie et Sciences Po Paris
20 mars 2019Nouvelles géographies coréennes en perspective
54 bd Raspail, salle BS1-28, 9h30-18h30
22 janvier 2019Journée de lancement de l'axe
Maison de l'Asie
21 décembre 2018International Workshop Ruinscapes in Urban China
Chinese University of Hong Kong

Thématiques de l'axe :

L’axe se déclinera dans les trois thématiques suivantes, qui s’appuient pour certaines d’entre elles sur des séminaires, et qui pourront organiser des manifestations croisées, ateliers, colloques ou publications :


Savoirs et techniques : pratiques, objets et circulations

Responsables : Michela Bussotti, Catherine Jami et Frédéric Obringer

Avec les acquis de l’axe « Techniques, objets, patrimoine » du précédent quinquennal, et l’arrivée dans l’UMR d’un certain nombre de chercheurs travaillant dans les disciplines historiques et en anthropologie, nous nous proposons de développer, collectivement aussi bien que dans des travaux individuels, des recherches pluridisciplinaires sur les savoirs et les techniques en Asie orientale. Cet axe sera le lieu d’une triple mise en commun : celle de l’une de nos plus importantes pratiques de recherche — la traduction ; celle d’un phénomène que nous rencontrons sous de multiples formes — la circulation des savoirs et des techniques ; et celle d’une modalité du rapport au monde des acteurs que nous étudions — le corps aux prises avec des substances qu’il rencontre, transforme, perçoit, et, souvent, absorbe. Ainsi sont définies les trois thématiques qui constituent cet axe. La pratique de la traduction est à la fois une pierre de touche de notre formation et un ingrédient indispensable qui nous permet de partager les matériaux sur lesquels nous travaillons avec des spécialistes d’autres régions du monde. Alors qu’elle reste considérée comme un préliminaire qui va sans dire, et non comme un acte de recherche à part entière, elle est le lieu de choix qui conditionnent la possibilité même du partage ; elle nous paraît donc mériter un travail collectif sur la durée, qui doit nous amener notamment à développer un outil numérique commun. La question des circulations, abordée dans une perspective d’histoire sociale, économique et globale dans l’axe 1 du présent projet, intitulé « Circulations, appropriations et réseaux en Asie », se pose de manière particulière en histoire des savoirs, par la nature des traces qu’elle a laissées, qu’il s’agisse de sources écrites, de pratiques ou d’objets techniques. Elle a donc très naturellement émergé comme une thématique majeure de nos recherches sur les savoirs et des techniques, dans une perspective où nos axes de recherche restent en dialogue permanent. Enfin, les matériaux tels qu’ils sont manipulés, modelés, transformés et utilisés sont un point d’entrée pour étudier les sociétés. Ainsi, les pratiques liées à l’alimentation, à la santé et à la ritualité nous permettront-elles d’aborder les perceptions sensorielles, les sentiments et les émotions, en tant que ces derniers sont imbriqués avec la production et les usages des substances, qu’il s’agisse d’aliments, de parfums ou de remèdes. À travers ces trois thématiques seront ainsi étudiées sur les terrains spécifiques de l’Asie orientale des questions largement partagées dans les sciences humaines et sociales.

Séminaires de l'axe (2022-2023) :

Événements 2018-2022 :

12 juin 2019Journée d'étude de l'axe
EHESS

Thématiques de l'axe :

L’axe se déclinera dans les trois thématiques suivantes, qui s’appuient pour certaines d’entre elles sur des séminaires, et qui pourront organiser des manifestations croisées, ateliers, colloques ou publications :


Sociétés et États : interactions, confrontations, régulations

Responsables : Sébastien Lechevalier, Xavier Paulès et Isabelle Sancho

Le constat s’est imposé que les recherches de nombreux membres de l’UMR 8173 convergeaient vers la question des rapports contrastés et heurtés que les sociétés entretiennent avec les Etats, des processus de légitimation et de délégitimation qui les traversent et les constituent. Nos discussions ultérieures autour de la constitution d’un axe nouveau portant sur ces questions ont fait émerger la volonté de se démarquer sur deux points principaux d’une historiographie désormais datée.

Tout d’abord, la sophistication de l’organisation de l’Etat, qui se dote en Chine dès la dynastie des Song d’une bureaucratie hiérarchisée de type wébérien alimentée par un recrutement méritocratique fondé sur le système des examens, a trop longtemps fasciné. Elle a conduit à faire de l’Etat le sujet central de l’histoire, dont la société ne pouvait être que l’objet. Notre projet propose de renverser la perspective et de partir du fait premier : l’existence des sociétés chinoises, coréennes et japonaises, afin de montrer comment l’Etat est lui-même modelé par les agents sociaux, qu’ils soient individuels ou collectifs.

D’autre part, le constat que certaines formes d’organisation de l’Etat chinois ont pu se décliner chez des pays voisins a conduit à privilégier l’idée excessivement simplificatrice de la diffusion d’un « modèle chinois ». A contrario, pour nous, il ne s’agit plus de faire de la Chine et de ses structures étatiques un modèle de référence, mais de mettre en évidence le caractère profondément distinct des trajectoires socio-étatiques de chaque pays, et de substituer à l’idée d’un « rayonnement » la complexité de leurs interactions. Lors de nos discussions collectives ont émergé différentes pistes de réflexion empruntées par plusieurs d’entre nous et capables de structurer notre axe : celles des normes et de la normativité, le domaine intellectuel (avec la notion de sphère publique), et les enjeux liés à l’affirmation de la subjectivité, l’individualité et l’écriture de soi. Deux autres questionnements viennent s’y ajouter : les rapports entre le secteur du commerce et l’Etat, et l’affirmation récente d’un Etat protecteur et développeur.

Si l’axe s’articulera autour de ces cinq thématiques, elles n’ont bien entendu pas la prétention de rendre compte de l’ensemble des liens entre les sociétés et l’Etat. Mais surtout, et c’est la raison pour laquelle nous avons préféré le terme de « thématique » à celui de « sous-axe », ces thématiques sont résolument conçues pour définir non un compartimentage, mais un balisage. Les différents chercheurs sont appelés à circuler entre elles à la faveur des connections que les matériaux d’enquête et leurs analyses mettront à jour.

Les transversalités Chine-Corée-Japon seront interrogées lorsqu’elles sont pertinentes, notamment pour la thématique "Récits de vie et mises en formes du moi". Une approche comparative entre la Chine, la Corée et le Japon présente aussi un intérêt particulier pour la thématique consacrée à l’Etat-protecteur et développeur. Un certain nombre d’activités de recherche et d’enseignement, notamment celles inscrites dans l’histoire et la composition de chacun des centres, ont vocation à privilégier une seule aire géographique.

Notre définition de l’espace Chine-Corée-Japon inclut leurs marges (Taiwan, Hong Kong par exemple) et leurs prolongements diasporiques. Ces marges sont en effet particulièrement propices à la circulation d’idées, de pratiques et à l’expression de différentes formes de dissidences et de contestations.
Il est exclu d’emblée de s’imposer une périodisation contraignante. Par contre, on accordera une attention particulière à certains moments-clés, des tournants comme par exemple les années 1945-50, afin de questionner les conséquences de la tabula rasa apparente que subissent les trois aires à ce moment. Un séminaire consacré aux années 1950 organisé par Xénia de Heering, Marie-Paule Hille, Isabelle Thireau et Christine Vidal sera ainsi un lieu d’échange sur une période pendant laquelle, après la seconde guerre mondiale, on assiste à la reconstruction d’un ordre social et politique inédit en Chine. Un groupe de travail autour de Marie-Orange Rivé-Lasan et d’Evelyne Chérel-Riquier sur la Corée de l'après 1945 et des années 1950 est en cours de constitution, et s’intéressera à la fondation des deux Etats sud et nord-coréens dans le contexte de la guerre froide.

De très nombreux doctorants sont impliqués dans cet axe, et leur intégration fait partie de nos priorités. En fonction de leurs besoins spécifiques, des ateliers de lecture leur permettront de se familiariser à la fois avec les sources, les textes ayant acquis le statut de « classiques », ainsi qu’avec les avancées les plus récentes de la recherche. Ce type d’ateliers peut aussi déboucher sur un glossaire collaboratif en ligne, ce qui rejoint le projet de constitution d’un outil de ce genre prévu par les organisateurs de l’axe « Savoirs et usages » (Michela Bussotti, Catherine Jami et Frédéric Obringer).

Les manifestations scientifiques qui marqueront la vie de l’axe prendront des formes différentes (journées d'étude, ateliers, colloques, séminaires, publications) et seront organisées tant au niveau des thématiques qu’au niveau de l’axe.
La politique des invitations de chercheurs sera conçue pour permettre d’accueillir en priorité des collègues étrangers susceptibles de nourrir les différentes thématiques. 

Séminaires de l'axe (2022-2023) :

Thématiques de l'axe :

L’axe se déclinera dans les cinq thématiques suivantes, qui s’appuient pour certaines d’entre elles sur des séminaires, et qui pourront organiser des manifestations croisées, ateliers, colloques ou publications :